Hors des Etoiles n°1 - Alice Milliat, l'héroïne olympique 🥇

Pionnière du sport au XXème siècle et militante de la pratique sportive par les femmes, Alice Milliat a défié les institutions de son époque. Elle est à l'origine des premiers Jeux Olympiques féminin. Retour sur cette figure marquante du sport ✨

Le Zénith des Sportives
3 min ⋅ 08/03/2025

Alice Milliat naît en 1884 à Nantes où elle passe toute son enfance. Elle part à 19 ans en Angleterre pour devenir préceptrice pour les enfants d’une famille du quartier de Notting Hill. C’est grâce à eux qu’elle découvre l’aviron 🚣‍♀️ .

Alice Milliat, l’une des pionnières

A son retour en France, en 1915, elle rejoint le Femina Sport, un club de sport parisien. D’année en année, elle en élargit l’offre sportive et ajoute notamment l’aviron au programme. 

Alice Milliat, figure de l'émancipation sportive féminineAlice Milliat, figure de l'émancipation sportive féminine

🏆 Ses années de pratique lui seront récompensées avec l’obtention du brevet Audax rameur 80 km, qui témoigne de son aptitude à avoir réalisé cette distance dans une embarcation légère et dans les temps imposés. C’est la première femme à obtenir ce diplôme. En plus de savoir manier les rames, Alice Milliat pratique également la natation et le hockey sur gazon.

La cause du sport féminin pour combat

En 1917, elle crée, avec des responsables des clubs de sports féminins, la Fédération des sociétés féminines et sportives de France (FSFSF). Les premières compétitions féminines sont organisées. Milliat est d’abord la trésorière de la FSFSF, puis la secrétaire générale, avant d’en devenir la Présidente en 1919. 

C’est cette même année qu’elle fait la demande auprès du Comité International Olympique (CIO) d’inclure des épreuves féminines d'athlétisme (discipline reine des JO) lors des Jeux Olympiques suivants. Le CIO refuse à plusieurs reprises. Pierre de Coubertin n’est pas en faveur du développement du sport féminin, comme en atteste ses propos :

Le véritable héros olympique est à mes yeux l’adulte mâle individuel. Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours aux Jeux Olympiques. Leur rôle devrait être surtout, comme dans un tournoi, de couronner les vainqueurs.

Face à ces refus du CIO, Milliat organise en 1921, le meeting d’éducation physique féminin international à Monte-Carlo. Il s’agit d’une rencontre entre des représentants de cinq pays : France, Grande-Bretagne, Italie, Norvège et Suède, à la suite duquel se constitue la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) dont Milliat obtient la Présidence. 

Les premiers Jeux féminins

Le FSFI a pour objectif d’organiser les premiers Jeux Olympiques Féminin. Cette appellation étant toutefois réservée au CIO, la compétition est baptisée Jeux Mondiaux Féminin et prend place en 1922 au Stade Pershing de Paris. L’édition rencontre un fort succès avec ses 77 participantes ainsi que ses 20 000 spectateurs. Elle est renouvelée en 1926 en Suède. En 1928, alors que Coubertin n’est plus à la tête du CIO, un tournant est pris lors des Jeux Olympiques d’Amsterdam. Les femmes pourront participer aux compétitions d’athlétisme.

L'équipe américaine d'athlétisme pour les Jeux de Pershing en 1922L'équipe américaine d'athlétisme pour les Jeux de Pershing en 1922

Par la même occasion, Alice Milliat devient la première femme juge lors des épreuves masculines de la discipline. Même si ces deux décisions semblent être des bonnes nouvelles, en réalité, il s’agit d’une ruse de la part du CIO pour contrôler le développement du sport féminin. Alice Milliat l’a bien compris et n’arrête pas son combat. Les Jeux Mondiaux féminins de 1930 se tiennent à Prague et rassemblent près de 60 000 spectateurs venus voir 270 athlètes. Le succès de ces Jeux 100 % féminin énerve le CIO qui souhaite reprendre son contrôle. Ainsi, deux ans plus tard, l’instance décide de restreindre le nombre d’épreuves accessibles aux femmes. Elles sont également exclues des jurys. C’est le début de la déchéance du sport féminin. 

Alice Milliat entourées d'autres juges pour les JO de 1928Alice Milliat entourées d'autres juges pour les JO de 1928

📉 La crise économique de 1929 oblige le gouvernement à réduire sa dotation d’aides budgétaires, celui-ci cesse d’attribuer des subventions à la fédération en 1932. Alice Milliat peine à trouver les ressources nécessaires pour financer les Jeux. Ils perdurent tout de même jusqu’en 1936. La même année, le CIO décide de mettre des compétitions féminines sous la tutelle de fédérations masculines. La FSFI est donc absorbée par la Fédération internationale d'athlétisme et disparaît.

L’héritage Alice Milliat

Alice Milliat quitte la scène sportive à la suite de ces événements de 1936. Quatre ans après, le Régime de Vichy balaye toutes les avancées obtenues par la sportive en bannissant les femmes des fédérations. En 1957, Alice Milliat meurt dans un anonymat consternant. 

Il faut attendre 2016, pour voir le nom d’Alice Milliat réapparaître avec le nom d’une fondation éponyme. La Fondation Alice Milliat œuvre pour la démocratisation et la médiatisation du sport féminin ainsi que pour une égalité entre les hommes et les femmes dans le sport. 

Dans ces projets majeurs, on peut retrouver le Trophée Alice Milliat qui récompense plusieurs actrices et acteurs du sport féminin en France. Le festival Les Sportives en Lumière met en avant et décerne un prix aux documentaires sur les sportives. On peut compter également le Queen’s Rugby 7 festival qui met à l’honneur le rugby à 7 féminin amateur. 

l'Adidas Arena construite pour les JO de Parisl'Adidas Arena construite pour les JO de Paris

🏟️ Pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, le nom d’Alice Milliat avait été proposé pour la nomination de l’Arena située Porte de la Chapelle. Un bel hommage envers la militante féministe, mais pourtant vite éclipsé par une proposition marketing d’Adidas. L’Arena a été finalement baptisée Adidas Arena et le nom d’Alice Milliat a, quant à lui, été choisi pour l’esplanade juxtaposant le bâtiment.

Statue d'Alice Milliat lors des JO de Paris 2024Statue d'Alice Milliat lors des JO de Paris 2024

Lors de la cérémonie d’ouverture de ces JO, elle apparaissait parmi les 10 statues dorées de femmes célèbres. Au côté de Simone Veil, Gisèle Halimi ou encore Louise Michel, Alice Milliat a été érigée comme une représente du féminisme. Un siècle plus tard, la militante et son combat commencent à être honorés.

On espère que ce hors-série vous a plus et on se dit à (très) bientôt pour un prochain Zénith des Sportives 💖 ( on parlera de cyclisme, de Formule 1 et d’une marque de ski 😉)

Le Zénith des Sportives

Par MARIE LAMARGUE

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